conte Belou de la lune

 

Belou de la lune 001 copie               Belou de la lune 001

                    Conte pour les enfants sages

                     Illustration Elisabeth Ivanovsky

       Peut être d’Arthur Haulot ou de Franz Hellens (avec qui elle a beaucoup collaboré)

       ou elle-même. Je ne sais pas, j’ai découpé le nom de l’auteur, j’étais petite. Édité sur femmes d’aujourd’hui.

 

Il était une fois, un jeune renard qui s’appelait Belou de la lune parce qu’il pleurait, la nuit, quand la lune brillait. Il pleurait très doucement en pointant son museau vers le ciel. Puis il dansait.

Belou dansait et charmait les étoiles. Les étoiles se penchaient vers la terre et scintillaient de joie. Mais Belou ne voyait que la lune et pleurait.

Personne ne savait pourquoi Belou pleurait. Et personne ne le comprenait. Car Belou ne mangeai pas d’oiseaux. Il se nourrissait de fraises des bois et de chanterelles. Le matin il buvait la rosée sur la pointe des herbes. Il saluait les lapins qui sortaient de leur terrier. Les lapins se moquaient un peu de lui, mais ils aimaient Belou. La nuit, ils se cachaient derrière les arbres pour le voir danser. C’était drôle un renard qui dansait.

Advint une nuit que plusieurs renards partirent en chasse au village voisin. Ils mangèrent toutes les poules d’une basse cour et rentrèrent par le bois. Dans la clairière Belou dansait. Des oreilles de lapin pointaient dans un rayon de lune. Les renards s’arrêtèrent alléchés. Pourtant comme Belou les intriguait ils décidèrent de voir ce qu’il faisait.

Cette nuit là, les renards s’amusèrent beaucoup. Ils s’esclaffèrent devant Belou qui dansait avec des grâces de fée. Ils s’esclaffèrent tellement que les lapins alertés s’enfuirent dans leurs terriers. Devant leurs proies qui fuyaient, les renards restèrent penauds. Ils quittèrent la clairière en grondant.

Quand le jour se leva, il ne restait que Belou qui pleurait dans l’herbe tendre. Maintenant, tous les renards savaient qu’il dansait pour la lune. Belou se sentait humilié. Son secret ne lui appartenait plus. Il serait désormais la risée de tous le bois.

Alors Belou se redressa et dans le jeune soleil du matin, devant les anémones qui le contemplaient étonnées, il jura de ne plus jamais danser.

Et il ne dansa plus. La nuit, les étoiles se penchaient sur la terre, mais Belou restait dans son trou. Il sortait à l’aube pour manger des baies sauvages et boire de la rosée. Puis il rentrait dans son terrier. Il avait peur de croiser un autre renard, car tous se moquaient de lui et ricanaient. Même les lapins souriaient et le montraient de la patte. Belou de la Lune n’avait plus d’ami.

Puis une nuit, une étoile tomba sur la terre.lle tomba dans le bois, devant le terrier de Belou et l’appela. Belou dormait. Il rêvait qu’il dansait comme autrefois dans le petit bois plein de lune et d’oreilles de lapin. Il rêvait qu’il dansait et qu’il était heureux.

L’étoile appela une seconde fois. Alors Belou s’éveilla. Il regarda autour de lui et vit une petite lumière. Il crut d’abord que c’était un ver luisant. Mais l’étoile parla :

-Pourquoi ne danses-tu plus, Belou ? Demanda-t-elle.

Belou resta immobile et la considéra un moment. Il tremblait un peu devant cette chose étrange qui brillait. Mais l’étoile paraissait amicale. Elle fit un clin d’œil à Belou pour l’engager à répondre.

Alors Belou parla.

-Tous les habitants du bois se moquent de moi. J’ai peur de danser devant eux. Ils ricanent. Les autres renards ne dansent pas. Ils ne pleurent pas à la lune.

Puis après un instant d’hésitation il ajouta :

-Les autres renards passent leur vie à chasser. Ils tuent les oiseaux. Moi, j’aime les oiseaux. J’aime tout ce qui vit et tout ce qui est beau. J’aime la lune. Et j’aime surtout danser.

-Alors, danse ! Dit l’étoile. Danse ! Les autres renards sont jaloux de toi parce qu’ils ne savent pas danser. Danse, même s’ils ricanent ! Je te protégerai.

Ainsi parla l’étoile à Belou et Belou la remercia. Puis il s’endormit jusqu’au matin.

Pendant son sommeil, l’étoile sauta et s’accrocha au pelage de Belou de la lune, juste au milieu de son front roux. Cela faisait une petite tache claire dans sa fourrure et les poils luisaient.

Quand Belou se réveilla, il crut avoir rêvé et soupira. Pourtant , sans savoir pourquoi, il attendait la nuit avec une impatience fébrile. Il attendait la nuit pour danser.

Car la nuit suivante, il dansa. Dès que le clair de lune envahit la clairière, Belou sortit de son terrier. Il pleura très doucement en pointant son museau vers le ciel. Puis il dansa.

Les lapins l’aperçurent les premiers. Puis les écureuils. A pas feutrés, ils s’avancèrent vers la clairière pour voir le jeune renard. Belou dansait au clair de lune. Vinrent aussi le hibou et la chouette. Puis tous les autres animaux. Vinrent enfin les renards. Et aucune bête ne rit.

Aucune bête ne rit à cause de l’étoile. Elle brillait sur le front de Belou et Belou était beau. Il dansait avec des grâces de fée et tous les habitants de la forêt le regardaient émerveillés. Quand Belou s’arrêta de danser, tous les renards le saluèrent. En le saluant, ils fixaient l’étoile qui luisait sur le pelage roux. Belou de la lune les fascinait.

Dès lors, à chaque clair de lune, Belou dansa. On venait de dix lieues à la ronde pour l’admirer. Et tout le monde l’aimait. Quand Belou de la lune dansait dans la clairière du petit bois, les étoiles se penchaient vers la terre, et l’on raconte même qu’un soir, Madame la lune entra dans le terrier pour saluer Belou.

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