à Marseille

A MARSEILLE

Françoise Contat

Merci Aristarché, toi vierge prêtresse

Qui de par ton oracle a su encourager

Le départ des enfants des rives de Phocée

Vers l’inconnu liquide et ses vagues traîtresses.

 

Tu leur as dit qu’un jour, dans le pays Ligure,

La cité renaîtrait d’un doux baiser d’amour.

La trirème glissait sur l’eau, en son parcours

La Déesse Artémis veillait sur la voilure.

 

Merci Euxème tu bravas les incrédules

Et guidas tes marins au port du Lacydon.

Déjouant les ruses du Dieu Poséidon

Dans la mer fermée par les colonnes d’Hercule.

 

Déjà les eaux du Nil font mille arabesques

Mêlant à leur limon fertile et parfumé

L’eau froide des puissants colosses argentés

Que le Rhône a drainé des Alpes gigantesques.

 

Merci jeune Protis pour ce voyage épique

Où tu risquas ta vie, ton honneur et ton nom

Tandis que les embruns venant de l’horizon

Fouettaient tes jambes nues sous la courte tunique.

 

Il t’a suffi d’un jour éphèbe Héroïque

Pour savoir où allaient ton cœur et tes passions

Tu as confié ton sort à la parque Clothon

Elle a lié ta vie à une vierge antique.

 

Merci belle Gyptis oh toi ma sœur aînée

Pour avoir su offrir l’eau sacrée des Salyens,

Au grec, venu en paix et qui baisa ta main,

Sous le regard confiant d’une nation dorée.

 

Du haut du rocher blanc tu guettais sa venue

A l’écoute du vent qui nouait tes cheveux

Indiquant aux marins la tâche qui pour eux

Rendrait de poissons vifs la madrague repue

 

Merci à toi, Roi Nann, judicieux monarque

Qui leur offrit la terre où fonder l’Emporion

Il brilla, à ce jour, au centre des nations

Tel un phare d’espoir pour lequel on embarque.

 

Tu fis naître ce port par volonté d’un père

Qui de l’enfant chérie accepte tous les choix

L’histoire te donna raison et pour cela

Tu devins géniteur d’une nation entière

 

Merci ma ville pour être encore en alerte

Et partager le pain, le sel et l’amitié

Ce sont tes habitants qui ont toujours souhaité

Braver tous les dangers d’être une porte ouverte.

 

Tu les as réunis, Martiens que tout oppose

Ma ville d’étrangers, fiers d’être Marseillais.

Dans nos cœurs il y a le plus beau des secrets:

Chaque jour nous “dealons” l’amour en overdose.

 

F. CONTAT

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