La Migraine, le Point de côté et la mort

LA MIGRAINE LE POINT DE COTE ET LA MORT

Ma version F.C.

La mort se promenait sur le mont Ventoux en compagnie de la migraine et du point de côté, tout pour torturer les humains ! Midi sonna, au loin, au clocher d’une église. Les 12 coups réveillent en eux la faim de la mi-journée. Sur le mont personne…. Si, au loin un berger et son troupeau. Les bêtes paissent à l’envie, la végétation pauvre et parfumée.

-Si on se faisait un petit méchoui, suggère la mort.

- Bonne idée, réplique la migraine.

- Je m’en charge ; ajoute le point de côté. Il se transforme en fumée, vole jusqu’au troupeau et, en reprenant forme humaine, dit :

- Bonjour berger. Je voudrais un mouton !

Le berger voit arriver cet énergumène avec méfiance. Son œil devient pointu.

Les deux mains appuyées sur son bâton, la tête sur les mains il demande :

- As-tu de l’argent pour payer ?

- Non ! Avoue le point de côté.

- Alors pas d’argent, pas de mouton ! Affirme le berger.

Le point de côté s’indigne et lève un doigt menaçant.

-Mais, sais-tu bien qui je suis ?

Je m’en fiche, pas d’argent, pas de mouton ! Et le berger tourne les talons.

     Mais je suis le point de côté et si je veux, je rentre dans ton ventre, je te tords les entrailles, je te fais souffrir !

Le berger à un geste vague de la main et conclue :

-pas d’argent, pas de mouton.

Alors le point de côté entre dans son ventre, lui tord les entrailles, le fait souffrir !

     Pour toute réponse le berger jette sur le sol une peau de mouton, s’allonge dessus et se couvre entièrement le corps d’une seconde peau. Il se met transpirer. Dans son ventre, le point de côte a chaud, transpire, étouffe, n’en peut plus. Il s’éjecte du corps du berger, se transforme en fumée et, traversant le sommet pelé du Ventoux, rejoint ses commensaux.

-Je suis désolé mes amis, je n’ai rien obtenu, ce berger est trop fort.

-J’y vais dit la migraine un sourire aux lèvres. Elle se transforme en fumée, vole jusqu’au berger et, en reprenant forme humaine, dit :

- Berger je veux un mouton !

Le berger de plus en plus méfiant se mouche d’un revers de manche et s’approche ; le Patou frôlant sa jambe.

- As-tu de l’argent pour payer ? Il ponctue sa phrase en tapotant de ses doigts réunis de la main droite, la paume de sa main gauche.

- Non ! S’étonne la migraine.

- Alors pas d’argent, pas de mouton ! Réaffirme le berger.

La migraine s’indigne et lève un doigt menaçant.

-Mais, sais-tu bien qui je suis ?

Je m’en fiche, pas d’argent, pas de mouton ! Et le berger tourne les talons.

     Mais je suis la migraine et si je veux je rentre dans ta tête, je te vrille les tempes, je te fais souffrir !

Le berger à un geste vague de la main et conclue :

-pas d’argent, pas de mouton.

Alors la migraine lui entre dans la tête, lui vrille les tempes, le fait souffrir !

     Pour toute réponse le berger va jusqu’à une fente de la montagne ou jaillit une petite source d’eau claire et glacée. Il ôte son chapeau, le dépose avec soin sur le sol, et, les deux mains appuyées sur la roche, il glisse sa tête sous la petite cascade. A l’intérieur la migraine se met à trembler, elle a froid, elle claque des dents. Elle s’éjecte promptement du corps du berger, se transforme en fumée et, traversant le sommet pelé du Ventoux, rejoint ses commensaux.

-Je suis désolé mes amis, je n’ai rien obtenu, ce berger est trop fort.

Amateurs que vous êtes ! hurle la mort en les poussant violemment pour regarder à l’horizon l’homme et son troupeau.

Dans un cri de rage elle se transforme en fumée, vole jusqu’au troupeau et, en reprenant sa forme connue des humains, dit :

- Alors berger. Donne-moi un mouton !

Notre ami qui a reçu la visite des deux importuns, pose la question délicate.

- As-tu de l’argent pour payer ?

- Non ! Tonne la mort de sa voix de tempête.

- Alors pas d’argent, pas de mouton ! Dit le berger entre ses dents, car il a reconnu celle qui est en face de lui.

-Mais, sais-tu bien qui je suis ?

-Je m’en fiche, pas d’argent, pas de mouton ! Et le berger tourne les talons.

     Mais je suis la mort et, si je veux, je te prends toi et tous tes moutons. Le Berger, bras tendus, les deux paumes offertes à la mort recule :

-Tout doux, tout doux ! Sers-toi, je t’en prie.

La mort, sourire aux lèvres, commence à tâter le dos des moutons pour trouver le plus gras. Le berger sur ses talons demande !

- Pour le prix d’un mouton tu pourrais me donner un petit renseignement ? La mort se retourne et le toise.

-que veux-tu savoir ?

-Je voudrais savoir …… quand je vais mourir.

La mort parait embarrassée. Elle réplique :

-Ce n’est pas moi qui décide.

-Comment ! S’étonne le berger.

Viens je vais t’expliquer. La mort lance son long manteau noir d’un geste circulaire comme on lance un épervier dans la mer. Tout devient noir. Puis le berger et la mort se retrouvent dans une grotte éclairée par des milliers de chandelles.

-Voilà, dit la mort, ces chandelles sont des âmes vivantes. Dès qu’un enfant vient au monde elle s’éclaire et quand il meurt elle s’éteint. Quand la chandelle est éteinte je pars chercher le mort.

-Mais comment sais-tu qui chercher ?

-chaque chandelle porte un nom. Je n’ai qu’à lire. Le berger s’enhardi.

-Peux-tu me dire ou je suis ?

La mort a un geste agacé de la main. Par-là, sur la gauche, oui, encore quelques pas. Le berger voit alors son nom surmonté d’une chandelle qui brille comme un phare dans la nuit. Il cherche confirmation.

-Vu ma chandelle, tu ne dois pas venir me chercher ?

-Mais non ! Je te l’ai dit, ce n’est pas moi qui décide.

Alors le berger part d’un rire sonore et ajoute en riant toujours :

-Pas d’argent, pas de mouton !

Le rideau noir se déchire, la cape de la mort s’envole en feuilles de brume. Le champ est revenu, les moutons aussi, le Patou et surtout le bâton que le berger lève à deux mains, pour menacer la mort.

Celle-ci humiliée, se transforme en fumée et, traversant le sommet pelé du Ventoux, rejoint ses commensaux. Tous trois, dépités, la faim au ventre, se sont envolés jusqu’au pays ou jamais le coq ne chante.

Depuis ce temps-là on n’a jamais revu sur le mont Ventoux ni le point de côté, ni la migraine, ni la mort : Parce-que les bergers de chez nous, ils sont trop forts !

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