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Jour de Neige

Jour-de-Neige

Adapté et modifié pour le racontage par

Françoise Contat

D’après un conte de Michel Gay l’école des loisirs

Mammouth 2

Honnêtement je ne sais plus ce qui fait partie du texte original et ce que j’ai ajouté car j’ai lu ce texte dans une bibliothèque d’école en attendant l’heure de raconter et j’en ai noté la structure sur le chemin du retour chez moi. Comme je vous l’ai dit, heureusement que je note toujours mes sources même si je ne retrouve pas toujours l’album.

 

Jour-de-Neige s’appelait Jour-de-Neige parce qu’il était né un jour, où la neige tombait en abondance. Une naissance était rare en hiver à cette époque farouche où les humains vivaient dans des cavernes. On appelait ces hommes et ces femmes des Cro-Magnon.

 

Plusieurs hivers étaient passés et Jour-de-Neige avait grandi. Cette année-là, la neige tombait depuis des jours et la horde n’avait plus rien à manger. Un matin les chasseurs se préparaient à partir quand Jour-de-Neige s’approcha de son père. Il dansait sur place :

-Je veux venir, je veux venir. Et il se frappa la poitrine en disant :

-Jour-de-Neige, bon chasseur.

Le père le repoussa du dos de la main vers sa mère qui le recueilli entre ses cuisses. Elle l’entraina près du feu, lui tendit un os et lui dit :

-Tu es trop petit pour te joindre aux chasseurs, casse cet os et suce-en la moelle.

 

Vexé, Jour-de-Neige alla s’asseoir tout au fond de la grotte et vida l’os d’un trait. Puis il se mit à gratter la terre rouge qui tapissait le sol avec l’os. La terre devint sable fin. Il en prit entre ses doigts et entrepris d’en remplir l’os évidé. Il porta le chalumeau à sa bouche et, par jeu, souffla avec force. Un nuage de poussière rouge le fit tousser mais il recommença et cette fois-ci, dirigea son jet vers la paroi rocheuse. Le nuage coloré se déposa sur les arêtes saillantes. Il appuya sa main pour se relever et souffla le reste de poussière. Sa main apparût en négatif sur la roche, toute blanche avec le contour rouge.

 

-J’ai tué ma main. J’ai tué ma main. Jour-de-Neige, bon chasseur.

 

Il remplit un petit sac confectionné par sa mère de toute la terre rouge en poudre qu’il pouvait contenir et Il se glissa à l’extérieur. La neige recouvrait tout, habillant chaque forme d’un linceul fantomatique. Il aperçut à une portée de javelot un rocher en forme de lapin. Deux grandes oreilles, un dos rebondi. Il se précipita le chalumeau rempli, posa sa main et souffla. La poudre rouge se mêla à la neige.

-J’ai tué le rocher lapin.

Fort de sa victoire il s’éloigna à la recherche d’un autre gibier. Un rocher renard et sa longue queue l’attendait. Quelques instants plus tard, le rocher renard était mort. Déjà il courait vers un rocher loup puis vers un rocher ours. A chaque fois il laissait l’empreinte de sa main cernée de rouge et criait :

-Jour-de-Neige, bon chasseur. Jour-de-Neige, bon chasseur.

 

Maintenant il était dans la vallée. Il vit une forme énorme recouverte de neige. Il appliqua sa main et souffla ce qui lui restait de terre rouge. Le rocher mammouth bougea. Il n’était pas mort. Jour-de-Neige se jeta sous un rocher pour se cacher. Tapi, tremblant, il resta de longues heures à guetter les mouvements de l’animal puissant, tandis que le jour déclinait. Enfin la lune se leva, toute ronde et elle se refléta sur le manteau blanc faisant de la nuit le jour.

 

Jour-de-Neige, transi de froid, ne bougeait pas. La neige revint. Des flocons comme des poings. Il pensa à la grotte, au feu, à sa mère. Appelant la force des ancêtres, il se glissa hors de sa cachette avec d’infinies précautions et remontant ses traces presque disparues retourna à la grotte abris en courant.

 

Avant que son père et sa mère ne le réprimande pour s’être mis en danger en sortant seul de la caverne il cria :

-Jour-de-Neige bon chasseur, mammouth, beaucoup de viande. Une nouvelle fois, son père le repoussa en grognant et rejoignit les chasseurs autour de feu. Jour-de-Neige ramassa un morceau de braise refroidi et, de ce crayon noir improvisé, traça, bras tendu sur le rocher vertical, le contour d’un énorme mammouth.

 

Les chasseurs s’approchèrent aussitôt pour lui demander où il avait vu cet animal. Comme il expliquait son aventure chacun s’arma de sa lance et enfila sa pelisse de loup ou d’ours pour suivre le garçon.  Mais comment retrouver ses traces depuis longtemps disparues. Hors de la grotte refuge Jour-de-Neige étendit son regard sur l’étendue feutrée. Pas un bruit ne réveillait l’aube incertaine. Soudain au travers des arbres dénudés il vit une tache sanglante il courut jusqu’au rocher lapin suivi de la horde.  Un coup d’œil, le rocher renard n’était pas loin, le rocher loup maculé de rouge hurlait en silence. La horde des hommes farouches ne laissait qu’une emprunte linéaire sur la neige. Le rocher ours fut atteint enfin. Tout au fond du vallon le souffle chaud du mammouth brumait l’aube. Jour-de-Neige fut poussé avec violence  sous un rocher. Son père venait de le mettre à l’abri et commandait la chasse par signes. Les hommes encerclèrent l’animal et les javelots  à propulsion sifflèrent dans le silence. L’animal n’avait pas vu venir sa mort. Chacun ramena une part de la bête. Le froid la garderait bonne de longs jours. Jour-de-Neige suivit la troupe lasse vers les foyers rallumés qui attendaient la viande. Jour-de-Neige mangea sa part distribuée puis se retira bougon au fond de la grotte.

 

Les hommes s’échauffaient. A qui irait la queue de l’animal, le trophée de capture qui ornait les ceintures des plus braves. Le calme revint et son père s’approcha. Il demanda à l’enfant de tendre la main et il y déposa le plumeau de queue du puissant animal en disant : Jour-de-Neige grand chasseur.

 

Les botes de fourrure mouillaient le sol, la neige fondait. Jour-de-Neige agita ses pieds et le sol devint sang. Entre ses jambes il fit tourner le plumeau de queue dans cette boue et une idée lui vint. Se relevant, Il posa les poils rouges dégoulinants sur la roche et couvrit d’un grand geste l’intérieur du tracé noirci au charbon de bois.

 

La première peinture rupestre venait de marquer la roche à jamais.

                                                                             Jour de neige 3     Mamouth

 

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