Magiciennes ACTE 3
ACTE 3
Magiciennes
élégie en trois chants
par Françoise CONTAT
TEXTE INTEGRAL
PERSONNAGES
Pichale, magicienne, gardienne de la source des mots (des maux).
Isoléa, sa fille, née d’une union avec un mortel.
Soma, nain difforme serviteur de Pichale (frère jumeau d’Isoléa).
L’esprit de la source, personnage magique assexué.
ARGUMENT
Premier chant : Pichale et sa fille vivent avec leur serviteur Soma, dans une tour ascenseur, à l’abri du monde des hommes. Pichale, magicienne des mots a été chargée de surveiller, montagne de Nada, la source des mots, que le dieu Parole a offert aux hommes. Isoléa, a été élevée chez les mortels par son père. A son décès, elle est venu vire avec sa mère. Elle est partagée entre le désir de devenir magicienne comme sa mère et celui de retourner chez les hommes pour connaître l’amour. Toujours solitaire, elle croit sombrer dans la folie.
Deuxième chant : Un jour la source des mots se tarit et la parole se retire de la bouche des hommes. Pichale, pour garder sa fille près d’elle, a stoppé la fuite du temps. Cet enchantement lui en interdit tout autre. Pour être fidèle au dieu Parole et venir en aide aux hommes, Pichale va devoir pratiquer la magie. Elle annule l’enchantement du temps et cela lui coûte la vie.
Troisième chant : La source des mots se remet à couler. Les hommes se parlent et se comprennent à nouveau. Isoléa, désespérée d’avoir perdu sa mère, s’enfuit de la tour ascenseur. Soma la retrouve. Elle revient prendre sa place. Elle est née magicienne, son destin s’accomplit.
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TROISIEME CHANT
SCENE PREMIÈRE
La source des mots coule à nouveau
L’ESPRIT DE LA SOURCE
L’ESPRIT DE LA SOURCE
Debout, elle s’adresse aux mots qui coulent
Coulez, coulez mots clairs de mes lèvres d’opale
Tels rayons de soleil qui dansent au matin
Sur les tiges verdies des herbes digitales
Sous la caresse amie d’un fin zéphir divin.
Glissez, glissez, mots doux de ma bouche légère.
Notes graves, aiguës, enivrées d’infini.
Musiques qui parfois se changent en prière
Pour faire que les Dieux regardent les fourmis.
Dansez, dansez, sur moi capricieuses gazelles
Sur le rocher brûlé d’un soleil au zénith
Dans le sable profond où vos pattes rebelles
S’enfoncent doucement parmi les aconits.(poison)
Tournez, tourbillonnez, creusez par votre usure
De sons entrechoqués, marmites de géant.
Les galets lapidés écriront l’aventure
Pour porter témoignage au fond des océans.
Sautez de roche en roche en prenant toujours garde
Au fil fin de l’épée qui vous guette parfois.
Pour trancher dans le vif de vos lettres qui dardent
Un mot trop incisif pour le parler courtois.
Courrez de tête en tête à l’affût de la phrase
Qui vous installera à vie dans le cerveau.
Allumez des chansons de celles qui embrasent
Soyez fanatiques, artistes, idéaux !
Passez de bouche en bouche avec fierté, noblesse
Pour, au-delà des ans, garder tout le savoir,
Transmis par les anciens et leur grande sagesse,
Car vous êtes le lien des langues de terroir.
Gravez-vous dans la pierre et aussi dans la cire.
Qu’indélébile vous passiez chaque saison.
Si oublié de tous votre vrai sens expire,
Vous sortirez pourtant, un jour, de vos prisons.
Le plus petit dessin, la plus petite lettre
Trouvera le mot juste où vivre pleinement.
Prendra, par son apport, un surprenant diamètre
Insoupçonné avant ce dernier élément.
Devenez éternel, vous tous que je vénère.
Vous êtes des seigneurs, des rois, des conquérants.
Le feu est allumé devant la poudrière.
Isoléa, Soma à vous le dénouement.
SCENE DEUX
Le vide - Le poids de l’âme -
La douleur sans les mots (les maux)
SOMA
SOMA
De mon futur le temps, Oh voleur métamorphe
Vole le devenir et le champ cultivé
Identité perdue de ma pensée amorphe
Ma maîtresse n’est plus, me voilà mutilé,
Je la pesais tantôt de mois vingt et un grammes
Son corps s’est allégé, le croirez-vous, mortels ?
On dit que ce soupçon, est le poids de son âme
Deux carreaux de sucre (é) et une pincée de sel.
Vous souriez, je sais, à mes drôles de comptes (contes)
D’apothicaire étroit, de philosophe mou
Moquez-vous ! Moi je vois, sans y loger la honte
Comme en rêve chacun de nos doux rendez-vous.
L’instant magique, où nos cœurs s’entre-parlaient
L’espace limité par le champ du regard
Où le monde est si grand que l’horizon défait
En jouxte bout à bout la fin et le départ.
Celui ou de ses yeux, chemin de l’âme franche
Je savais remonter aux souvenirs amers
En silence profond ou bien sous Aube blanche
Parler la vie entière à faire terre (taire) la mer.
Hurler au vent du nord de plier en sa face
Pour peindre de couleur l’arc-en-ciel de sa peau
Répandre son parfum et en remplir l’espace
Pour manger son odeur en allant au tombeau.
Laisser sa chevelure au vent qui la caresse
Que se mêlent les liens à jamais réunis
Abandonner son corps enfin à la paresse
D’un long sommeil profond, régulier, sans bruit
Je l’ai laissé brûler pour que chaque parcelle
De chair devenue vent s’élève dans l’éther (les cendres)
Et qu’ainsi du plus bas de l’antique nacelle
L’Hades transcendanté soit Ekphanesthétaî (tai)
(Mot Grec : Ce qui se donne à voir dans l’éclat)
Au loin on voit briller la flamme d’un bûcher mortuaire.
SCENE TROIS
La force du silence
ISOLEA
Elle est en train d'errer sur un chemin brumeux. Le ciel est sombre. La scène est vide. Parfois Isoléa parle en voix off.
ISOLEA en voix off
Ma mère n’entend plus. Je n’ai plus rien à dire
À quoi bon tous ces mots à ma disposition
Si l’oreille attentive a froid et se retire
De l’échange où l’avait placée son affection.
En clair
À quoi peut me servir l’art des mots et du verbe
Si je n’ai plus personne avec qui converser
Le silence est pour moi le code de Malherbe (la règle)
Les mots tomberont tous. La faucheuse a gagné.
Voix off.
Isoléa s’installe par terre jambes écartées, elle triture sa robe.
Qu’il est doux, dans les près, d’écouter le silence
Empli de froissements, de bruissements fortuits
De plaintes d’animaux en quête de laitance
De brames et d’appels, de petits gazouillis.
Qu’il est fort, près de l’eau, d’entendre le silence.
Brisé par les flots bleus toujours recommencés.
Le cri du goéland perce avec insistance
Le ciel, et le ressac s’en retrouve griffé.
Elle est dessus les monts, la place du silence.
Près des séracs dressés : dolmens immaculés
Ils se fendent parfois hurlants de violence
Sous l’œil du grand condor dessus l’immensité
Si nous devions un jour, faire vraiment silence
Il nous faudrait alors réunir tous les bruits.
Les mettre dans un sac et, avec vigilance,
Les en faire sortir, un à un, de leur nuit.
Alors nous ouïrions quand le sac serait vide
Le seul silence enfin dont jouit l’humanité
À cet instant précis, apparaîtra timide
Le seul bruit nécessaire au souffle inachevé.
Elle se lève et s’adresse au public
Écoutez donc ce bruit, ce souffle, ce silence
Pas vraiment très bruyant, pas vraiment silencieux
Qui bat au fond de nous avec magnificence
Le cœur est le cadeau qu’avaient caché les dieux.
Tant qu’il vit au tréfonds de nos êtres de glace
Il justifie, tout seul, notre droit d’exister.
Le fil ne s’en rompt pas pour contempler la Face.(Dieu)
Malheur à celui qui voudrait y déroger.
Un temps
Je ne veux désormais plus que de ce silence
Qu’il règne au fond de moi faisant taire les mots
Mon souffle se refuse à une mésalliance
La vibration sacrée se fera en champ clos.
Un temps
Si je devais parler, je dirai des insultes
À tout ce qui produit une suite de sons.
Sans souffrir de remords pour ce qu’il en résulte
Mais crachant, chaque fois, des flammes de dragon.
Un temps
Je ne marcherai plus sur le chemin fragile
Qui jadis était fait de ronciers, de cailloux
Et était devenu, bordé de champs fertiles,
Un sentier parfumé, précieux comme un bijou. (Salomé)
Elle se met à genoux pour dessiner des lettres dans la poussière. On voit son travail sur l’écran vidéo
Je ne charmerai plus de ma plume et mon encre
La droiture d’un U, la courbure d’un C
Les cercles enlacés du E et de son ventre
Du R aérien, le plein, le délié.
Le mot CŒUR est écrit
Je ne goûterais plus du A et puis du M (Le voyageur du A - aime)
Leurs diagonales encrées (ancrées) pliant à mon désir
Créant les courbes vides et, tout aussi les pleines
D’un O d’un U d’un R (n-air). Je n’en ai plus loisir.
Le mot AMOUR est écrit
Je ne graverai plus les lettres qui composent
L’essentiel construit du secret Shakespearien
L’échange raconté des êtres et des choses
Le dialogue pur
Le mot OSER est écrit
Un temps.
Cela ne sert à rien !
Elle efface tout d’un revers de la main.
NOIR
SCENE QUATRE
Les 9 chemins du deuil
ISOLEA - SOMA
Sur le même chemin
SOMA
Il la rattrape
Isoléa, enfin, je vous cherche sans trêve
Depuis bientôt deux jours.
ISOLEA
Pourquoi cet intérêt ?
SOMA
Pourquoi ! Mais par le fait que je suis sur la grève
Et cherche votre écueil pour déposer mon fret.
ISOLEA
Parle plus simplement, je suis lasse d’énigmes
Faites d’images floues qu’il me faut clarifier.
SOMA
Votre mère m’a dit l’adjectif paradigme
Que je dois vous offrir afin de vous aider.
ISOLEA
Parle !
SOMA
Je ne saurai. Il vous faudra le lire
Sur la couverture du livre jaunissant
Qui brille sur l’autel que vous devez maudire,
Où votre mère a lu l’enchantement du temps.
Ils se rendent dans la pièce principale. En fait c’est la pièce qui se construit autour d’eux. Des panneaux se déplacent depuis cour et jardin pour les cadrer et les pousser vers un lieu précis de la scène.
ISOLEA
Je ne monterai pas les degrés de ma mère.
Elle y habite encor, Je n’irai pas là-bas.
SOMA
Il la pousse, la tire, délicatement. Elle se laisse faire.
Ne vous rebellez pas.
ISOLEA
Elle le repousse
Je fais à ma manière
Ce n’est pas aujourd’hui que tu feras mon pas
SOMA
Il l’accompagne
Ne niez pas la loi
ISOLEA
Je crois ce que j’espère
Il n’est plus pour moi de consolation
Les larmes seront tout, et chaque jour, amères
Pleurer sa mère, est-ce là l’exception ?
Ils arrivent en bas des marches
SOMA
Essayez simplement de monter une marche.
ISOLEA
Je ne crois pas
SOMA
Je sais
ISOLEA
Que cela soit m’aider.
Ils montent la première marche
SOMA
Vous y êtes déjà.
Je serai un comparse,
Un ami.
ISOLEA
Soma, elle m’a abandonné.
Elle lève une jambe, soma la tient.
Le gouffre parait grand.
SOMA
Je vous offre mes ailes.
Ils sont sur la deuxième marche.
Nous voilà au-dessus.
ISOLEA
Elle me manque tant.
Ils montent sur la troisième marche
ISOLEA
J’ai peur
SOMA
Nous sommes deux
Ils montent ensemble la quatrième marche
ISOLEA – SOMA ensemble
Nos pas sont parallèles
Il nous faut rationaliser nos sentiments.
La loi qui nous régit ramènera le cycle
De la vie, de la mort, de la vie à nouveau.
ISOLEA
Il me faut accepter de bâtir l’hémicycle
Elle monte sur la cinquième marche
SOMA
Il me faut accepter les biens transcendantaux.
Il monte sur la cinquième marche.
ISOLEA – SOMA ensemble
Acceptons : le passé dans tout ce qu’il nous lègue.
Le présent dans ces mots : ici et aujourd’hui.
Le futur sans cherche une excuse rebelle
L’avenir sans trembler...
Ils montent tous les deux la sixième marche. Ils se regardent.
Le rêve se poursuit.
Ils montent sur la septième marche. Le soleil baigne leurs visages.
ISOLEA
Regarde le soleil entre au-dessus des portes
Je n’avais jamais vu de si haut ma maison.
SOMA
Qui monte dans l’éther, survole les cloportes,
Voit plus loin, voit plus clair, voit tout à l’horizon.
Ils montent la huitième marche.
ISOLEA
Par le froid sur ma joue mère, je te pardonne.
SOMA
Par le froid en mon cœur, je vous pardonne aussi.
Ils atteignent la neuvième marche
ISOLEA - SOMA
Gratitude amie mon esprit carillonne
Voilà en cet instant, un nouveau pas franchi
Il est possible qu’ils ne gravissent pas de marches mais que ce soit le plateau sur lequel ils sont qui s’élève.
SCENE CINQ
La folie arraisonnée
L’autre clef
ISOLEA - SOMA
ISOLEA
Elle est au sommet des marches. Elle attrape quelque chose dans l’air et serre le poing
Je te dompte à présent folie et je te nomme
Toi par qui tout commence et par qui tout fini.
Tu croyais m’obliger à oublier les hommes
Mais je tien, en ma main, le meilleur sauf-conduit.
Le bras levé elle montre une clef
Voilà la clef du champ (chant) Oh peuple de culture !
La terre vous donna les mots dont vous usez
La terre vous reprend en ce jour couverture
Engrangez, labourez, semez, fauchez, fanez,
Au loin démarre une mélopée, comme un mantra bouddhiste
Et vous taisez !
Silence..... Elle descend l’escalier en faisant claquer les marches sous son pas ou le plateau descend. Arrivée en bas, elle regarde autour d’elle. Les livres sont toujours là épars.
La clef toujours à la main elle les prends, les consultes, les regarde et les jette loin d’elle avec dégoût tout en parlant
Comment ?
Soma descend tête première en rampant comme un cloporte. (-)
Exhaler Ma fragrance ?
Je n’en ai pas envie, ne le désire point.
SOMA
Votre survie !
ISOLEA
Le lexical !
Quelle importance ?
Il ne m’inspire pas. Je n’en ai pas besoin.
SOMA
Le don des dieux !
ISOLEA
Espace pathologique
Phonie qui glisse sur le temps
Sans référence historique, graphique
Libre, vivante et relative.
Nonobstant
Son énergie propre son/sens/logistique
Celle pour transformer les autres éléments :
Les vibrants électrons, le spectre phonique
Et le magnétisme créant la masse aimant.
Phonie d’illuminé !
SOMA
Énergie vitale
ISOLEA
Qui en mauvaise voix
SOMA
Pourrait désintégrer
ISOLEA
Grâce à son impulsion
SOMA
La matière fœtale
ISOLEA
Dont le carré serait
SOMA
E égale M C.
ISOLEA
La clef à la main elle se dirige vers la porte
Je pars.
Musique.
Je n’ai pas peur......*
Isoléa met la clef (imaginaire ou pas) dans une serrure (imaginaire ou pas) -acte d’amour- Une lumière éblouissante emplit la pièce Elle a vu Dieu. Tout doucement elle se met à chanter. Visage d’insensé (Le « fada » est pris par les fées).
J’offrirai des données graphiques
Au jongleur de mots,
En pleurant sur les artifices
Qu’il maîtrise pour moi
En modifiant parfois
Le don des Dieux.
Je cueillerai des lettres
Par brassées
À coup de serpe
Mon corps a toujours su trouver
Le son caché (les leçons cachées).
Tapie dans les entrailles
De l’inconnue
Grammaticale
Je saurai bien en faire vibrer, quelques piliers
J’offrirai des données graphiques
Au jongleur de mots,
En pleurant sur les artifices
Qu’il maîtrise pour moi
En apprêtant parfois
Le don des Dieux.
Je disposerai des mots
À ma guise
Sur l’herbe grise
J’ai pour coutume de danser,
Sur les pavés
Une substance sonore
Sous influence
Sans pertinence
Aux signes primitifs gravés, entrelacés.
J’offrirai des données graphiques
Au jongleur de mots,
En pleurant sur les artifices
Qu’il maîtrise pour moi
En codifiant parfois
Le don des Dieux.
Isoléa a vu la lumière, elle est devenue folle
SCENE SIX
Le chemin du désespoir - Chacun est à sa place
ISOLEA - SOMA
Isoléa est dans la pièce entre Soma
SOMA
* Quelle monosyllabe
Ramènerait à moi
Soma regarde isolea
cette fantasia (fantôme)
De quelle dette sommes-nous redevable
À’l’égard de ce que « Il » (Nerval) nommait « Moria»
La déesse folie aurait une épithète
De son père Plutus de sa mère Hébè
La lampe et le génie vivent dans la tête
Arachnée a tissé le linge imbibé
Qui a frotté le fer ? (de la lampe d’Aladin)
ISOLEA
Le voile fin des fées
SOMA
Qui l’aura soulevé ?
ISOLEA
La porte de l’enfer
SOMA
Qui connaît son entrée ? (Alice et son lapin)
ISOLEA
Il fallait suivre Orphée.
Qui donc avait payé ? (L’obole de Charon)
ISOLEA
L’obole et un cancer.
Texte en canon à dire en même temps
SOMA pour la partie à gauche
ISOLEA pour la partie à droite
Arpenteur énigmatique La parole
De la logique porte toujours en son sein
Et de la culpabilité l’hyperbole
Et de la mort la moria sera le tocsin
Interprète vociférant Tentative
Et légiférant pour pouvoir accéder à
De toutes les formes la grammaire vive
En filiation fou de la parole alpha
Lecteurs insatiables L’expérience
Et indéfectible du modulable oubli
De toutes les errances fera latence
Dans le social et trouvera le repli
Les fous circulent sans relâche Indices
Dans les champs évités de la fragilité
Et combien redouté là où l’ire (lire) menace
Par les autres humains déraison de santé
Il y a là un rapport l’expérience
Hyper Mnésique qu’est sûrement l’oubli
La catégorie de l’évènement tense
Au non-consentement d’oubli l’être qui fuit.
En fond sonore, on entend le chant de folle d’Isoléa
SOMA
Écoutez, écoutez, les mots qu’elle vous chante
Tous ces mots oubliés, tous ces mots interdits
Murmurés, chuchotés aux étoiles filantes
Illuminant vos jeux dans la chambre la nuit
ISOLEA
Hallucinée
La plus belle inconnue pour toujours agonise
Vivante de ses maux bat à n’en plus finir
Le « ça ». Morte incarnation son hypnose
De mémoire brisée aux rochers d’avenir.
SOMA
Emportez vos enfants dans le pays des rêves
Plus haut que le désir de voir naître le jour
Vers des demain (s) (2 mains) de joie des peut-être de sève
Qui deviendront pour eux nourritures d’amour.
ISOLEA
Ses yeux sont cette tour, la lumière en est cible
Elle éblouit l’amour qu’elle aime à oublier
Sa bouche qui se tait peut prouver l’impossible
Les ombres sont rétives, devant ses yeux cernés.
SOMA
Il parle
Les mots ont perdu leurs indices
De connexion syntaxique
Un coup de dé, sans que je sache
Lequel l’emportera
Glissant sur le verglas de nos
Éclats de voix.
ISOLEA
Elle chante, très sensuelle.
Oh prédicat impertinent
Épithète inconséquente
Le vers est une noix
Qui ouvre sous mes doigts
Sa coque brûlante.
SOMA
Il parle
Violer le code du langage
Pour l’amour d’un phonème
Pathologie grammaticale
Entre deux pauses
Brouille le sens de nos
Joutes d’oblats
ISOLEA
Elle chante
Oh prédicat impertinent
Épithète inconséquente
Le vers est une noix
Elle tourne sur elle même
Qui ouvre sous mes doigts
Elle attrape sa jupe et découvre ses jambes en la faisant remonter par un mouvement des doigts.
Sa robe troublante.
Musique qui fait le lien avec l’épilogue.
FIN DU TROISIEME CHANT
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EPILOGUE
Les maux et le non-verbal
L’ESPRIT DE LA SOURCE
L’ESPRIT DE LA SOURCE
Au confluent perdu des routes oubliées
Vivaient Soma Pichale et aussi une enfant
La folie les guettait. Tous trois furent brisés
Par le temps, qui conjugue au passé le présent.
Dans la grande oasis où vit l’incertitude
Le sable a vu mourir la magicienne et puis
L’enchantement a su rendre à la multitude
Le maniement des mots. Nous en savons le prix.
Sur le fil du rasoir tranchant du labyrinthe
Tous trois ont avancé, ont dominé les flots.
Du fleuve de folie qui porte en lui la crainte
Du fleuve de génie qui draine le chaos.
La place de gardienne est devenue vacante
Qui osera, ce jour, s’installer en ce lieu
La tour entre le ciel et les enfers de Dantes
Ascenseur infernal oscille, tremble, se meut
Elle tape dans ses mains comme si elle réunissait une basse-cour
Venez mes tout petits, venez entre mes cuisses
Vous glissez dans la soie au creux de mon giron.
Serrez-vous, chauffez-vous car je sens les prémices
Du froid qui s’insinue.
Elle se dresse menaçante, son ombre s’agrandit remplissant l’espace puis elle regarde vers le bas. Elle pousse de petits cris comme on le fait en Provence pour rassembler les chèvres. Billi billi billi.
Et vous mes éperons
Malentendus, non-dits, sous-entendus, mots justes
Mal Dits ou galvaudés, trop dits venez aussi
Faites-nous un rempart car vous êtes robustes
Et vous ne craignez pas quolibets et lazzis.
Vous savez faire front en toute circonstance
Parole prononcée ne cesse d’exister
Chant énergétique, vibratoire influence
Cuirasses de granit ou poudre de papier.
Qualifique fonction que l’être en chair vous prête
Votre nature va à la place choisie
Je suis persuadé (e) que rien ne vous arrête
Les hommes seront morts que vous serez hostie
(Hostie chrétienne Ou Ostie Port de Rome)
J’ai abusé de vous pour parler au parterre
Elle s’adresse au public
La porte du secret a grincé sur ses gongs
L’invisibilité est toute sa matière
Mots, phrases, paroles, n’en seraient que le son. (leçons)
Est-ce de l’ouverture ou de la fermeture
Le bruit dont vous avez perçu le grincement
Je vous laisse choisir votre propre lecture
Et vous dis :
À futur !
Ou alors :
À présent !
RIDEAU
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